On en parle de plus en plus dans les médias, notamment avec les récents débats sur la fessée : la bienveillance éducative. Ou autrement appelée : la non-violence éducative. Parce que oui, il existe une violence éducative banalisée à tel point que les parents ne se rendent pas compte que leurs comportements relèvent d’une certaines violence.
La violence éducative ordinaire n’est pas réservé aux parents maltraitants.
La VEO (violence éducative ordinaire) passe, bien entendu, par la violence physique (oui,oui, la fessée compte comme telle!) mais pas seulement. La VEO c’est aussi les sanctions injustes et injustifiées, les humiliations qu’elles soient publiques ou non, les vexations, la négation des sentiments… Tout ça ça vous parait évident, n’est-ce pas ?
En tant qu’adulte si vous alliez chez le médecin parce que vous souffrez et qu’il vous disait « Mais non, vous n’avez pas mal voyons! Allé, ça va passer! » vous le regarderiez avec un air interloqué et iriez voir un autre praticien qui prenne votre souffrance en considération, non ? Si vous vous retrouviez au travail avec une tâche à difficile à accomplir – une tâche pour laquelle vous n’auriez pas toutes les compétences -, que vous essayiez d’exprimer votre frustration face à cette tâche que vous avez pourtant envie de faire et que votre patron vous répondait « Oh mais tu m’énerves! Puisque c’est ça tu seras puni de salaire! » nous sommes d’accord que vous vous seriez les premiers à crier à l’injustice ?
Et bien les enfants sont pareils. Sauf que les adultes ont oublié comment c’est d’être enfant et ils n’ont pas le temps d’expliquer aux enfants, ils n’ont pas le temps de leur apprendre à faire, ils n’ont pas la patience d’écouter un enfant pleurer, ils n’ont pas l’énergie d’aider leurs enfants à accomplir leurs tâches… et pourtant ils aiment leurs enfants de tout leur coeur, je n’en doute pas!
La NVE (non-violence éducative) ferait gagner du temps
Quand un enfant part dans une crise, lui dire qu’on le comprend, l’écouter, trouver avec lui une solution, ou lui expliquer calmement une situation qui le dépasse prend moins d’énergie que crier, gronder, punir – recommencer si l’enfant se défend – et résout généralement la situation de crise plus rapidement.
De manière générale, la bienveillance fait gagner du temps comme le magasine Que Choisir l’expliquait dans son dossier de 2006 sur la bienveillance en maison de retraite (je vous mettrais bien le lien, mais vu que le dossier n’est accessible qu’aux abonnés, l’intérêt de mettre le lien est limité ^^’)
La NVE a une importance toute particulière pour moi
Je viens d’une famille maltraitante. Aimante, mais maltraitante. Je n’ai été frappée que deux fois (et la deuxième a été la dernière vu que je me suis rendue et que les voisins ont débarqué) mais j’ai vécu la négligence, l’humiliation, l’abandon, le rejet, la culpabilité,la jalousie (oui, quand on s’amuse mieux chez sa meilleure amie qu’à la maison, ça ne plaît pas…) et le pire à mon sens : l’indifférence.
Alors présenté comme ça, on s’indigne, c’est sûr. Mais tout ça s’est joué au quotidien, insidieusement, tant et si bien qu’arrivée à l’âge presque adulte j’étais devenue quelqu’un de très toxique pour les gens qui me fréquentaient (et en repensant à tout ce que j’ai pu faire, j’ai la gorge qui se serre et la boule au ventre).
C’est quand nous nous sommes lancés dans les essais bébés que tout ça m’a frappé de plein fouet : je voulais un enfant, oui. Mais hors de question qu’il ait la même enfance que moi! Et je ne savais pas comment faire pour me défaire de toutes mes mauvaises habitudes, de cette malveillance plantée dans l’enfance et perpétuellement alimentée tout au long de ma vie.
Donc je me suis mise à lire, à lire, à lire et à lire encore.
Et c’est comme ça que j’ai découvert qu’une éducation bienveillante était possible.
Qu’on pouvait être mère sans passer sa vie à reprocher à ses enfants d’avoir été des enfants.
Qu’on pouvait éduquer en prenant en compte les sentiments de nos enfants, en les écoutant, en les aidant à traverser leurs frustrations, en étant l’épaule réconfortante sur laquelle ils pouvaient venir pleurer, en trouvant des solutions à deux, en expliquant les choses en détails, en souriant… bref, en étant bienveillant.
Même si j’adore la NVE, au quotidien, c’est une autre paire de manches.
La grossesse s’est terminée dans les travaux avec une futur papa stressé jusqu’aux os par lesdits travaux et sa situation professionnelle en péril à l’époque ; la reprise du travail a été un crève-coeur pour moi, qui rêvais de congé parental ; et puis JeunePapaEpanoui et moi avons mis du temps à nous retrouver ; il y a eu les conflits avec la nounou ; la pression au boulot ; le lancement de mon activité indépendante au cas où mon travail acharné n’aboutirait pas à une embauche définitive ; les répercutions des conflits à gérer (forcément, on a beau changer, quand on a fait du mal aux gens, ça nous poursuit et ça nous poursuivra toute notre vie! Pas de droit à l’oubli dans la vraie vie…) ; le juste milieu à trouver entre tenir la famille à l’écart pour ne pas faire subir à Crapouillou leur influence tout en ne les excluant pas complètement (bref, trouver la juste dose pour que les contacts restent cordiaux et agréables) ; une vie de jeunes parents peu reposante et très stressante comme 99,9% des jeunes parents.
Du coup, au milieu de tout ça, rester bienveillante envers mon Crapouillou d’amour, reste un défi quotidien. Réalisable, mais un défi tout de même. M’est donc venue l’idée de créer une rubrique sur le blog pour partager avec vous mon expérience de bienveillance éducative dans mon quotidien de jeune maman doublement active, qui rentre le soir fatiguée, qui ramène des dossiers du bureau les week-ends, qui part en shootings, qui a des photos à traiter, qui aime avoir JeunePapaEpanoui rien que pour elle, qui manque de sommeil… bref, une maman active!
J’espère pouvoir poster régulièrement ! 😀
Et vous, la NVE, vous connaissiez avant de devenir parents ? Vous y arrivez dans vos quotidiens de parents actifs ?
J’aime beaucoup tes comparaisons avec l’adulte chez le doc ou au boulot. Je m’en reservirais si certains proches me refont des remarques sur nos choix d’éducation 😉 (quoique maintenant ils en font moins, quand il voit le résultat sur mon loulou de 3 ans).
Pour être honnête, je ne suis pas une grande lectrice suivant les courants éducatifs. J’ai découvert le concept un peu par hasard, et il correspondait à peu près à ce que l’on faisait. Du coup je m’y suis intéressé, et pas mal de choses m’ont parues très sensées, et m’aident à tenir le coup quand j’ai envie de craquer (parce que tu as bien raison, c’est pas tous les jours faciles^^)
Si tu veux voir un peu mon point de vue sur l’éducation positive (j’aime pas le terme « non-violent »), tu peux aller jeter un oeil ici : https://maviedemamanlouve.wordpress.com/2015/08/11/education-positive/
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Oui tu as raison, éducation positive, c’est mieux que « non-violente » et je pense que dans quelque temps, quand la plus grande majorité de mon entourage aura réalisé que la violence éducative ordinaire existe, alors j’emploierai le terme d’éducation positive 🙂
J’ai lu ton article et pour moi aussi ne pas crier est un défi. J’ai été élevée dans les cris, j’ai passé ma vie (jusqu’à récemment) à m’exprimer en criant… Dur dur, mais on y arrive petit à petit! 🙂 J’aime bien l’idée du coin défouloir pour exprimer les émotions qui submergent et pouvoir en parler calmement ensuite. Sur le groupe de mamans montessori sur lequel je suis, elles parlent d’un coussin de réflexion qui a la même vocation. Nous essayons aussi d’éviter le « non » et de le remplacer (bon, souvent par « stop! » en ce moment parce que Crapouillou est encore un peu jeune pour qu’on se lance dans des longues phrases ^^’)
Ce n’est pas facile tous les jours, mais une chose me rassure dans mes choix : mes voisines! J’en parlerai bientôt 😉
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