Mais ça, c’était avant.
Au départ, un couple de connaissances, très sympathiques, avec lequel nous avons passé de nombreuses soirées de rigolades. Quelque temps après la naissance de Crapouillou, leur bébé né, devenant le petit dernier d’une fratrie recomposée de 3 enfants.
Lors d’un shooting de famille leur Numéro 2 est un peu agité. Bim! Une fessée après des avertissements et des remontrances.
Mon mari et moi nous regardons, rassurés de nous voir l’un et l’autre réagir à cette fessée. Mais nous ne disons rien : c’est leur Numéro 2, leur éducation, leur famille.
C’est fou comme les gens changent de personnalité sur le net car …
…Quelques semaines plus tard, je partage sur les réseaux sociaux un article sur la violence éducative ordinaire et l’éducation bienveillante. Je pense qu’ils se sont sentis directement visés puisque tous deux répondent de manière très virulente à cet article en avançant des arguments d’autorité assez désagréable.
– Ah c’est beau ces jeunes parents naïfs!
– Vous verrez quand il passe d’ange à monstre.
– Nous aussi avant on y croyait, lol
– Eh oh c’est bon hein, une fessée n’a jamais tué personne.
Je ne débats pas beaucoup, d’autres le font mieux que moi et le débat en vient à la conclusion que eux, avec leurs 3 enfants, savent tout mieux que tout le monde.
Débat stérile, ils ont raison et nous avons tort.
« Nous » a beau comprendre une maman de 4 enfants et une maman de 2 enfants (dont l’une est en plein âge « monstre »), ils détiennent la vérité.
Le temps passe, je partage un autre article (oui, j’adore partager des articles et citer mes sources, c’est ma déformation Vendredis Intellos, à force de les lire, je fais pareil 😉 ) sur les bienfaits de la DME (Diversification Menée par l’Enfant). Et les voilà qui arrivent à nouveau avec leurs gros sabots pour descendre en flèche la DME alors qu’ils savent pertinemment que je pratique.
Et on repasse par une série d’arguments tous plus peaufiner les uns que les autres dont voici un petit condensé : la DME c’est pour les parents feignants qui plantent leurs enfants devant l’assiette et s’en vont faire autre chose, c’est un effet de mode qui poussent les gens à contraindre l’enfant dans une position non naturelle pour pouvoir se gausser de faire de la DME, c’est contre nature puisque les enfants ont un réflexe vomitif puissant jusqu’à deux ans (source ? leur grande expérience, bien sûr!) … Bon je m’arrête là dans l’énumération de leurs arguments, vous aurez compris le topo : eux font tout à la perfection et « nous » (mes connaissances ayant débattu avec eux et moi) ne sommes que des snobinardes qui ne comprenons que peu de choses à l’éducation des enfants.
Fut un temps, j’aurais simplement bloquer ces personnes.
Mais j’ai voulu comprendre. J’ai poussé le débat. Je l’ai regardé prendre de l’ampleur.
Rester bienveillante face aux attaques n’a pas été facile : je bouillais devant mon écran, j’avais envie de prendre mon téléphone et de les appeler, de leur demander pourquoi, à deux reprises, ils venaient descendre mes pratiques via une publication anodine (et j’insiste là dessus : je ne partage pas d’article en disant « Voici LA façon de faire, tous ceux qui ne font pas comme ça n’ont rien compris », non. Je publie toujours pour mes copines mamans qui se posent des questions, mes copines futures mamans qui sont intéressées par une alternative à la conception qu’elles se font de l’éducation, mes potes (futurs) papas, et tous les curieux, parents ou pas. Bref, je partage pour informer qui se prend d’envie de cliquer, pas pour juger).
En restant bienveillante, en jouant ma Forrest Gump (je vous parlerai bientôt de la projection pour rester bienveillant.e.s au quotidien 😉 ) ils ont fini par s’embrouiller les pinceaux, par devenir encore plus agressifs et j’ai fini par me rendre compte qu’ils se rassuraient sur leurs propres pratiques en rabaissant celles des autres.
C’est aussi bête que ça.
Entourés de jeunes parents qui se tournent vers la bienveillance éducative, ils se sentent remis en question dans leurs pratiques d’éducation et ils attaquent les publications qui préconisent l’inverse de ce qu’ils font. Tout simplement.
Rester bienveillante, ça a servi à quoi au final ?
Avant tout, ça a été très dur. J’ai été élevée dans le conflit, m’y suis épanouie et ai commencé ma vie d’adulte toujours dans le conflit. Alors taire tous mes vieux réflexes et résister à l’envie de les bloquer en deux clics a été un véritable défi pour moi (que je suis contente d’avoir relevé!). Comme dit plus haut, la projection m’a beaucoup aidée!
En fin de compte, rester bienveillante ça a servi à ce qu’ils se rendent compte de leur réactions disproportionnées, ça a également servi à ouvrir le débat sur pourquoi tant d’agressivité et, au final, ça a servi à engager une jolie conversation en privé qui s’est conclue par des références bibliographiques à consulter pour sortir de la violence éducative ordinaire.
Une belle issue qui me renforce dans mon défi personnel d’appliquer la bienveillance dans mon quotidien!
Souvent, ceux qui s’énervent de cette manière là, et surtout qui se sentent visés, ce sont ceux qui ne sont pas sereins quant à leur manière de faire, qui se rendent compte que leur méthode a des limites, qu’ils les ont atteintes et qui ne savent pas comment s’en sortir.
Tu as bien réagi, et tant mieux si l’issue est heureuse!
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Merci! Depuis, certains sont revenus à la charge et d’autres ont baissé les armes (=leur agressivité et leurs jugements) et s’intéressent sincèrement à ces méthodes « alternatives » 🙂
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