Chère nounou,
Ce n’est pas de gaieté de coeur que je te confie l’être le plus fragile et le plus précieux qui soit dans ma vie. Si j’avais le choix, il grandirait dans mes bras, contre mon coeur, nourri de bisous, bercé de comptines et submergé d’amour.
Je sais que ton métier n’est pas facile, qu’avoir en garde un Crapouillou de son âge à raison de 10h par jour ce n’est pas toujours facile. Ces 10h qu’il passe chaque jour chez toi sont 10 aiguilles dans mon coeur de maman en manque de son enfant. 10h où je ne demande qu’à être épuisée par mon enfant en vie et remuant qui ne veut pas faire une grosse sieste parce qu’il est trop avide de découvrir le monde qui l’entoure.
Et puis tu sais nounou, tu l’as 10h par jour mais nous l’avons tout le reste de la vie. Quand tu dors paisiblement pour te remettre de ta journée de travail, nous passons notre nuit à le rendormir, le rassurer, le soigner, le prendre avec nous, le faire téter, lui chanter des berceuses, lui caresser tendrement les cheveux quand il a enfin trouvé le sommeil mais que nous, nous ne pouvons plus dormir. Alors oui, nounou, je sais que c’est épuisant de s’occuper d’un enfant.
Je sais aussi que ce n’est pas facile d’avoir à faire à des parents qui se soucient de leur enfant et qui rejettent le modèle courant d’éducation. Des parents qui parlent à leur petit, qui ne crient pas, qui essaient de comprendre les pleurs, qui posent des limites en expliquant sans jamais interdire … ça a de quoi te faire réfléchir, je le comprends bien. Je vois bien que tu t’interroges sur ta propre pratique et que tu n’aimes pas te poser certaines questions.
Mais tu vois nounou, le soucis c’est que je ne peux pas te laisser brusquer mon enfant pour le simple fait que tu estimes qu’il n’a pas à décider et qu’il doit suivre. C’est normal qu’il pleure quand tu le forces à faire quelque chose qu’il n’était pas prêt à faire. Comment réagirais-tu nounou si je te poussais dans l’ascenseur parce que ça m’agaçait que tu sois arrêtée devant et que tu ne bouges plus ? Peut être que tu avais une bonne raison de t’arrêter ? Peut être que tu réfléchissais à quelque chose ? Peut être que tu avais un mal de crâne qui commençait ? Peut être que tu hésitais à retourner chercher ton sac à main préféré ? Peut être étais-tu tout simplement perdue dans tes pensées ?
Ne protesterais-tu donc pas, si l’on te bousculait sans prendre la peine de chercher à comprendre ce qui t’arrête ?
Chère nounou, je sais bien qu’après aujourd’hui plus rien ne sera comme avant. Si tu t’es permise de brusquer mon enfant sous mes yeux, que fais-tu quand je ne suis pas là ? A-t-il déjà pris une fessée parce qu’il n’obéissait pas ? Lui as-tu déjà crié dessus au prétexte qu’il faut s’imposer et poser des limites strictes, comme tu aimes à le répéter ? Le laisses-tu pleurer des heures pour qu’il comprenne que tu ne cèderas pas à ses caprices (qui n’existent pas, un enfant de son âge ne fait pas de caprices, tu sais?)? Je n’ai plus confiance en toi, nounou.
Je ne sais pas quoi faire car je n’ai pas encore d’autres choix que de te le laisser. Mon coeur de maman saigne de t’avoir vu malmener mon fils mais ma raison sait qu’il faut que je retourne travailler et que je ne peux pas m’arrêter pour le reprendre. Je suis désemparée, nounou. Pourrais-tu s’il te plait considéré qu’un enfant qu’on écoute est un enfant apaisé ? Pourrais-tu envisager de le laisser évoluer à son rythme s’il ne se met pas en danger ? Pourrais-tu cesser de nous répéter chaque jour que tu es fatiguée parce que 10h, c’est long ? Pourrais-tu prendre le temps de te mettre à sa place quelques fois ? Toi qui n’a jamais confié tes enfants à personne et qui les a couvé jusqu’à ce qu’ils prennent leur envol, pourrais-tu essayer de nous comprendre, nous, jeunes parents bienveillants qui souhaitons que notre enfant soit simplement lui-même et heureux ?
S’il te plait, nounou, entends nous.
Une jeune maman qui aimerait que le monde soit plus doux
ta lettre me touche en plein coeur et je comprends tellement ton désarrois dans le sens ou jamais je ne pourrai confier mon enfant à une autre personne (hors ma famille)
je comprends qu’une nounou soit nécessaire et je ne juge pas du tous les parents qui en ont une.
Je me demande juste comment ils arrivent à faire confiance en fait pour ma part je n’y arriverai pas. Ton récit est la raison pour laquelle je ne laisserai pas mon enfant.
J’aurai tellement de doute sur la personne que la nounou peut, être quand je ne suis pas la
je psychoterai toute la journée je pense et ça finirai par me ronger je pense.
Je te souhaite bien du courage et j’espère que malgré tout ça s’arrangera.
milles baisers à ton Crapouillou
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Je t’avoue que je dis souvent à PapaCrapouille : « Si le congé parental n’est pas envisageable pour le suivant, il n’y aura pas de suivant » tellement c’est dur pour moi de laisser Crapouillou é_è
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Aie… Pas évident tout ça… Vous en avez discuté?
Bon courage!
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On en a discuté, avec la nounou, avec la directrice de la crèche, on a pris le week-end pour réfléchir, on en a rediscuté en ce début de semaine. Les choses s’aplanissent petit à petit.
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Olala il y a de l’eau dans le gaz avec votre nounou et pas qu’un peu…
Dans ton billet on sent bien ta souffrance et j’avoue que ça me touche. Et tu ne peux pas continuer comme ça parce que tu vas te sentir de plus en plus mal.
Il faut vraiment que toi et le papa de crapouillou ayez une conversation avec elle lui dire ce que tu as sur le coeur.
Je comprends ta souffrance, c’est une situation pas simple pour toi, ton mari et ton crapuoillou.
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On en a parlé, les choses sont en train de s’améliorer. J’en parlerai dans un prochain billet. Pour le moment, j’attends de laisser passer un peu de temps pour que tout ce qui a été dit soit digéré et fasse son chemin. Merci du soutien, à toi, Calouve et la maman de pipine. Ca fait du bien de vous lire ❤
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