Après avoir connu l’Enfer durant mon année de CE1, mes parents ont décidé de nous scolariser dans le privé. Oui, je dis « nous » parce que j’ai une grande soeur, tu t’en souviens ? Pendant que moi je me faisais maltraiter par mon maître de CE1 elle se faisait sexuellement agresser dans les WC du collège (fait, bien sûr, que je n’ai appris que très récemment)
Nous avons donc poursuivi dans le privé.
Autant vous dire que l’Enfer ne s’est pas arrêté une fois qu’on m’a séparée de mon bourreau. Je me sentais doublement punie : je n’avais rien fait de mal et c’est moi qui devais partir en exil. Quelle injustice pour une enfante … J’ai fait vivre un enfer tout l’été à ma famille, me sentant si injustement punie.
Ma mère avait rencontré l’équipe pédagogique de ma nouvelle école, j’y étais allée plusieurs fois, tout le monde était au courant de ce que j’avais vécu, et pourtant rien ne s’est fait en douceur. Bien que je me sois rapidement adaptée, l’enseignante a eu rapidement des paroles qui m’ont braqué pour toujours avec le système scolaire. Comme je vous l’ai raconté la semaine dernière, j’étais une enfante précoce/tdah et ça, ça n’a pas disparu avec mon bourreau. Donc trois semaines après la rentrée, alors que je manifestais mon envie de répondre à la question posée, j’ai eu droit à :
Tu veux bien te calmer oui! Je comprends pourquoi ils n’ont plus voulu de toi à l’école Dupont!
Pif paf pouf! Je me suis murée dans le silence pendant deux semaines. Les excuses de l’enseignante exigées par ma mère n’ont pas suffit. Forcément avec cette réflexion les élèves ont commencé à dire que personne ne voulait de moi, et je suis repartie dans une spirale de harcèlement scolaire, mais par les élèves cette fois-ci.
Mais je m’accrochais à un espoir, fou, qui m’aidait à tenir pourtant!
Je ne sais pas comment, j’avais entendu dire que des enfant.e.s n’allaient pas à l’école et apprenaient chez elleux. Donc à partir de la rentrée des vacances de la Toussaint de mon CE2, j’ai passé tous les matins en larmes, à supplier mes parents de ne pas me remettre à l’école et de me laisser apprendre toute seule. Et ce, jusqu’en 4ème.
Vous savez combien de jours ça représente, tous les jours d’école d’une année scolaire ?
36 semaines x 5 jours pas semaine.
Soit 180 jours.
C’est à dire la presque moitié de l’année civile.
La presque moitié de 365 jours.
CE2…
CM1…
CM2…
6ème…
5ème…
J’ai passé 5 ans à pleurer la moitié de l’année pour ne pas aller à l’école/au collège. Pour qu’on me retire de là. Pour qu’on me permette de conserver mon goût d’apprendre. Pour qu’on me laisse dans ma bulle en attendant que je sois prête de me frotter à nouveau à ce monde si moche. Pour qu’on me laisse échapper à mes bourreaux qui n’ont eu de cesse de se succéder. Pour qu’on m’entende.
J’ai passé 5 ans à perdre mon sommeil, à perdre mon appétit, à être submergée, dépassée, par des épisodes de larmes/pleurs/cris que les adultes appelaient d’abord caprices, ensuite crise d’adolescence.
Mais voyez-vous le problème, c’est que j’ai passé 5 ans à avoir des bonnes notes. Et comme la mentalité franco-française est ainsi faite que « Tant que mon enfant.e a des bonnes notes, ça va » on ne changeait rien, puisque ça me « »réussissait » ».
Le cercle vicieux par excellence non ?
Et puis vint la 4ème, une hospitalisation en urgence, 1 mois d’absence complet. Retour pour un brevet blanc. Et j’ai eu les meilleures notes. Avec un mois d’absence. Autant vous dire que ça a fini de m’enterrer, socialement parlant.
Et une semaine après que l’équipe pédagogique ait convoqué mes parents pour leur parler de me faire sauter une classe, voire deux (coucou le lycée à 13 ans!) mes notes ont commencé à lentement chuter pour rentrer dans la moyenne basse. Bien sûr mes parents se sont inquiétés, mes enseignant.e.s aussi, j’ai eu droit à plein de sollicitation et d’encouragement pour redresser la barre. On a annulé les tests que je devais passer pour sauter des classes, on a commencé à me parler de cours de soutien, et surtout, on a commencé à me laisser tranquille dans la cours de récréation.
Je ne saurais vous décrire le cocktail d’émotions qui se bousculaient en moi. Honte, soulagement, colère, apaisement… Le prix de ma tranquillité c’était de rater. De me taire. De répondre à côté. De faire semblant de ne pas savoir. De ne plus être moi.
J’en chie pour écrire cet article. Ca remue tellement de choses. Ca se sent non que c’est un article cathartique qui m’a prise par surprise et qui est éprouvant ? Au début je voulais parler de ma peur de la scolarisation de Crapouillou et me voilà en larmes devant mon pc. Je m’arrête là. J’arriverais pas à me relire, pardon pour les fautes. Je pense que tu as compris l’essentiel du message. Désolée pour ce poste si décousu é_è Promis, le prochain qui parlera de scolarité, ce sera pour parler de l’entrée à l’école de Crapouillou et de mes questionnements de maman.